LTE : une bonne loi mais qui suscite quelques commentaires !

Les grands objectifs énergétiques pour la France ont été définis par la Loi de Transition Energétique pour la croissance verte adoptée le 17 août 2015. Cette loi nécessaire et ambitieuse, qui s’insère dans un cadre européen, est présentée comme une loi « d’action et de mobilisation ». Pour autant, elle peut avoir des conséquences allant à l’encontre de la qualité de vie des français si l’on ne prend pas en considération notre situation économique par rapport aux pays voisins.

Rappelons tout d’abord les cinq objectifs, annoncés comme clairs et volontaires, que la LTE a fixés pour la France :

  • Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% entre 1990 et 2030 et les diviser par 4 à l’horizon 2050
  • Réduire la consommation énergétique finale de 50% en 2050 par rapport à 2012 et porter le rythme annuel de baisse de l’intensité énergétique finale à 2,5% d’ici à 2030
  • Réduire la consommation d’énergies fossiles de 30% en 2030 par rapport à 2012
  • Porter la part des énergies renouvelables à 23% de notre consommation énergétique finale brute d’énergie en 2020 et à 32% en 2030
  • Porter la part du nucléaire à 50% dans la production d’électricité à l’horizon 2025.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre de façon drastique est un objectif majeur. Il s’agit donc de diminuer le recours aux énergies fossiles que sont le charbon, le pétrole et, dans une moindre mesure, le gaz naturel. La production d’électricité, qui est basée sur le nucléaire, l’hydraulique et les énergies nouvelles, n’est pas concernée, car elle n’émet pas de gaz à effet de serre.

Ce sont donc particulièrement les usages thermiques (chauffage) et mobiles (voitures) qui sont visés. Notamment, il sera nécessaire d’accélérer fortement le développement sur tout le territoire des infrastructures pour le rechargement des véhicule électriques ou à hydrogène.

 

Réduire la consommation finale d’énergie en France en isolant mieux les bâtiments, en augmentant l’efficacité énergétique des industries et des véhicules est une mesure importante. Mais, vouloir la diviser par deux d’ici 2050 semble irréaliste si l’on prend en compte les besoins croissants en confort des français (climatisation par exemple).

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En effet, cette consommation s’établissait en 2012, toutes sources primaires confondues (pétrole, gaz, charbon, nucléaire, renouvelables et divers) à 2,5 tep/hab (tonnes équivalent pétrole par habitant). Respecter cet objectif à la lettre conduirait à ramener la consommation par habitant en France au niveau de celle par exemple de l’Algérie aujourd’hui !

 

Réduire la consommation d’énergies fossiles importées permet d’accroître notre indépendance énergétique (ressources nationales / ressources totales) et de réduire les risques d’approvisionnements. Toutefois cet objectif n’apparait pas explicitement dans la LTE.

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En particulier, et bien que son mode de production soit critiquable, la question du gaz de schiste, qui a rendu les USA autonomes en énergie, n’est pas abordée par la LTE, ne justifiant donc pas la position prise de ne plus faire d’étude, ni de recherche dans ce domaine. La plume du législateur n’aurait pas dû être retenue sur ce sujet très controversé, ne serait-ce que pour exposer les arguments qui ont prévalu contre le gaz de schiste !

 

Développer les énergies renouvelables est indispensable pour diversifier les sources d’énergie électrique et accroître notre indépendance énergétique. Toutefois il ne faut pas perdre de vue la contrainte technique de stabilité du réseau électrique qui est mise à rude épreuve avec les énergies intermittentes comme le photovoltaïque. En outre, au plan écologique, remplacer des centrales nucléaires par des énergies renouvelables, n’est pas équivalent à remplacer des centrales à charbon ou au fuel, polluantes et onéreuses, comme le fait notamment l’Allemagne.

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La France a tout intérêt à ne pas perdre l’avantage, qu’elle tire de ses choix énergétiques, par rapport aux pays voisins qui partent de situations moins favorables ! Il faudra aussi qu’elle s’assure que son réseau électrique soit adapté à une telle mixité de sources de production.

 

Porter la part du nucléaire à 50 % en 2025, pourquoi pas, … mais si c’est en démantelant des centrales avant leur fin de vie, alors qu’on vient de renforcer leur sûreté par des dépenses de maintenance considérables, alors c’est un non-sens économique.

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Le nucléaire français ne présente pas un tel danger qu’il faille s’en désengager en urgence quand d’autre pays s’en dotent grâce à la France notamment. Par conséquent, nous n’avons pas intérêt à affaiblir un pan entier de notre industrie nationale et de l’expertise acquise dans le nucléaire au profit de l’importation massive de panneaux solaires et d’éoliennes.

 

En conclusion, ce ne sont pas les orientations de la LTE qui sont en cause, mais son silence sur certaines de leurs conséquences.  Par exemple, doit-on fermer des centrales nucléaires rénovées au profit des énergies renouvelables ? Réduire notre niveau de vie pour diminuer la consommation d’énergie ? Interdire toute étude et recherche dans le domaine des gaz de schistes ? Imiter les pays voisins en risquant de perdre notre expertise dans le nucléaire ?

Enfin les mesures incitatives des Pouvoirs Publics en faveur des énergies nouvelles ne risquent-elles pas à la longue de remettre en cause l’équilibre économique de l’énergie et la balance commerciale, sans compter le réseau électrique ?

Article rédigé par : Marie-Louise Casademont et Georges Richerme – Consultants ARCLÈS

 

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