Certains aspects des deux articles publiés dans Le Figaro fin décembre et Les Echos fin janvier (titré « Fini l’eldorado : l’éolien offshore traverse une passe délicate ») ont surpris l’équipe ARCLÈS, en décalage avec l’actualité de cette industrie à l’échelon Européen car, comme le souligne le communiqué de presse du 18 janvier de l’Association Wind Europe [1], la situation s’améliore à nouveau très nettement pour l’éolien offshore en Europe.
En effet, l’année 2023 a été marquée par la mise en service d’une puissance record de nouveaux parcs éoliens offshore pour 4.2 GW soit une hausse de 40% par rapport à 2022 ; et par 30 G€ de nouveaux investissements confirmés pour 9 GW qui seront installés au cours des prochaines années. D’autre part, la chaîne d’approvisionnement connaît un fort redressement avec l’annonce de nouvelles usines en Pologne, au Danemark, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Espagne.
Surtout, il faut retenir dans l’actualité de la filière ces derniers mois une avalanche de bonnes nouvelles sur les niveaux tarifaires annoncés au Royaume Uni ou bien attribués lors de récents appels d’offre aux États-Unis, dont sont déjà bénéficiaires (ou le seront rapidement) les développeurs Européens. Par exemple, après la non-souscription en septembre 2023 du «round 4» au Royaume-Uni à cause d’un prix objectif trop faible de 44 £/MWh, l’annonce mi-novembre du prix d’exercice du « round 5 » à 73 £/MWh pour l’éolien offshore fixe [+66%], 173 £/MWh pour l’éolien flottant, représente un retournement majeur et un effort clé pour équilibrer des prix d’électricité compétitifs avec la hausse des taux d’intérêt, des coûts de construction et d’exploitation.
Également, début novembre 2023, soit à peine 2 semaines après le rejet des demandes de 4 développeurs Européens majeurs pour une renégociation des tarifs des projets attribués quelques années auparavant, l’État de New York a annoncé l’attribution à des groupements menés par Copenhagen Infrastructure Partners, Corio-TotalEnergies et RWE, des contrats d’achat d’électricité (PPA) provisoires pour 3 nouveaux projets éoliens offshore représentant environ 4GW à un prix moyen autour de 145 $/MWh. Cela a été immédiatement suivi, par la publication accélérée fin novembre d’un 4ème appel d’offres d’éolien offshore à New York afin de satisfaire l’ambition de 9 GW installés à l’horizon 2035.
C’est maintenant au tour du New Jersey qui, la semaine dernière, a sélectionné 2 nouveaux projets éoliens offshore d’une capacité de production totale de près de 4 GW qui se verront attribuer des contrats de crédit d’énergie renouvelable offshore (OREC) de 20 ans. À ce titre, c’est dans le cadre de son 3ème appel d’offres pour l’éolien offshore que le New Jersey a retenu Leading Light Wind (2,4 GW), développé par Invenergy et energyRE, et Attentive Energy Two (1,3 GW), développé par une joint-venture entre TotalEnergies et Corio Generation, avec un prix fixe de 131 $/MWh la première année après le début des opérations commerciales, augmenté annuellement de 3%, et le bénéfice d’un crédit d’impôt de 30% en vertu de l’Inflation Reduction Act (IRA).
Ces politiques volontaristes visent à pénaliser les importations à forte teneur en carbone et à encourager les technologies à faible émission de carbone pour lesquels les industriels Européens sont reconnus leader mondiaux grâce au développement opérés depuis plus de 20 ans par les pays bordant la mer du nord et où la France a réussi à se faire une place avec, entre autre, ses 4 usines de fabrications de pâles et turbines (GE, Siemens Gamesa) au Havre, à St Nazaire et à Cherbourg et le leader de la fabrication des postes électrique en mer (Chantiers de l’Atlantique) à St Nazaire.
Gageons que ce vent de bonnes nouvelles continuera à gagner toute l’Europe !
Article rédigé par : Jérôme RIBUOT – Partenaire ARCLÈS, expert Énergie