Le secteur minier repart…
LE PDAC 2017 (Prospectors and Developers Association of Canada), principal événement mondial du secteur minier, qui s’est tenu à Toronto du 5 au 8 mars 2017, a permis de constater qu’en un an on est passé de la morosité à un optimisme prudent.
Les économistes du secteur considèrent que les prix ont touché le fond, chaque métal connaissant cependant un cycle et une évolution qui lui sont propres. La tendance de fond semble répondre à une stabilisation de la demande chinoise, à une demande indienne soutenue, et surtout à la forte croissance de la demande issue de la transition énergétique (batteries, solaire) et de l’économie numérique (réseaux câblés, téléphones portables…). A ce jeu, les gagnants sont le cobalt, le cuivre, le lithium, l’or.
L’exploration redémarre après quatre années de baisse des investissements, tant dans les grands pays miniers que dans ceux encore peu prospectés (l’Afrique en général, les Balkans), ou ceux qui ont vu les opérateurs se détourner pour des raisons de sécurité, ou en fonction d’un environnement politique inadapté.
… et évolue
Tout aussi intéressante que l’équilibre offre-demande est la transformation rapide du secteur dans son modèle microéconomique. La « licence sociale », soit l’obligation morale mais surtout pragmatique de travailler en harmonie avec son environnement, devient un prérequis.
Dans une ambiance de prix médiocres (et les prix actuels le restent sauf exception), la productivité est essentielle. Les réductions de coûts sont spectaculaires chez certains opérateurs : réduction des consommations d’eau, d’énergie, de carburant, mécanisation, automatisation, digitalisation, changement de modèle.
Il n’est pas contestable que l’humanité continuera longtemps d’avoir besoin des ressources de la croûte terrestre. Si l’on peut imaginer une planète abandonnant les usages énergétiques du pétrole et gaz, on ne voit pas comment on pourrait à horizon prévisible remplacer le fer, le cuivre, l’aluminium, le platine, le nickel…
L’Europe discrète, la France absente
Au moment présent, l’Europe ne pèse ni par sa demande, atone, ni par ses opérateurs, en retrait par rapport aux Nord et Sud Américains et aux Chinois, ni par ses ressources minières, limitées.
La France était représentée par quelques sociétés ou universités, alors que l’Allemagne avait un pavillon et une session technique. La Suède et la Finlande avaient leur pavillon, pour promouvoir leur domaine minier et leurs technologies.
La France a pourtant des atouts à faire valoir : des centres de formation et de recherche prestigieux, une tradition de services à haute valeur ajoutée, des entreprises minières performantes. Les réunir en un « pack France » pourrait être très bénéfique dans la conquête des marchés extérieurs. Il y a des marchés à prendre, et pas de honte à avoir de ces métiers de la mine, dès lors qu’on adopte les bonnes pratiques.
Article rédigé par : Patrick Postal – Consultant ARCLÈS